Phenomenological Reviews

Journal | Volume | Article

165431

L'empirisme transcendantal 

de Deleuze à Husserl

Natalie Depraz

pp. 125-148

Abstract

Pour un lecteur contemporain, l’expression « empirisme transcendantal » résonne immédiatement avec l’œuvre de pensée de Gilles Deleuze. La réception récente de l’auteur de Différence et répétition (1968) n’a pas manqué de repérer – de redécouvrir – ce motif crucial, tout à la fois méthodologique et critique de l’entreprise de Deleuze, que celui-ci mentionne également dans un court texte de 1995, Immanence : une vie ? Ce qui est par ailleurs remarquable, c’est que cette re-découverte a eu lieu quasi-simultanément des deux côtés du Rhin : en Allemagne, le livre important de Marc Rölli, Gilles Deleuze,Philosophie des transzendentalen Empirismus, paru en 2003 ; en France, l’ouvrage de Anne Sauvagnargues, Deleuze. L’empirisme transcendantal, paru à l’automne 2009. On pourrait s’arrêter là, et scruter la différence de réception de cette « création conceptuelle » (pour emprunter l’expression de Deleuze dans Qu’est-ce que la philosophie ?), en montrant notamment comment chaque auteur y reconduit sa propre tradition philosophique, allemande, ou française. On verra que, même sur ce seul point, les choses ne sont pas aussi simples : les deux réceptions ne sont ni symétriques ni parallèles ou disjonctives, mais créent des découpages différents, notamment lorsque l’on interroge la phénoménologie de Husserl à la lumière de l’empirisme transcendantal, selon une filiation historique que revendiquent certains de ses disciples. Du coup, la proximité troublante des deux auteurs (Deleuze, Husserl) dans leur relecture de Kant, auteur crucial, et de Hume, auteur non moins crucial, ne peut manquer de susciter un certain vertige.

Publication details

Published in:

Monod Jean-Claude (2011) Phénoménologie allemande, phénoménologie française. Revue germanique internationale 13.

Pages: 125-148

DOI: 10.4000/rgi.1130

Full citation:

Depraz Natalie (2011) „L'empirisme transcendantal : de Deleuze à Husserl“. Revue germanique internationale 13, 125–148.